LES ENJEUX DE L’ACCESSIBILITÉ DES MUSÉES ECCLÉSIASTIQUES AU QUÉBEC
ARTIGO Franck Calard
Doctorant en histoire de l’art à l’Université de Montréal, Franck Calard est également diplômé en arts visuels ainsi qu’en valorisation du patrimoine et développement local. Spécialiste du vitrail des 19e et 20e siècles, ses recherches abordent plus généralement l’art québécois, les institutions muséales et la médiation culturelle. Il est aussi guide-interprète au Musée des Hospitalières de l’Hôtel-Dieu de Montréal et commissaire d’exposition indépendant.
RÉSUMÉ
Institutions muséales en voie de disparition, les musées ecclésiastiques québécois conservent pourtant de précieux témoignages du patrimoine artistique et culturel de la province. Souvent rattachés à une congrégation religieuse ou à un diocèse, ces musées sont pour la plupart méconnus autant du grand public que des spécialistes. Ne pouvant pas proposer un accès à l’année du fait d’un manque de moyens associé à une absence de personnel, ces institutions ne sont finalement pas accessibles si ce n’est selon des critères très spécifiques, voire trop spécifiques. Or, les musées ecclésiastiques pourraient être les principaux acteurs d’une décomplexion du fait religieux dans une société québécoise toujours marquée par le « mythe » de la Grande Noirceur. Situés à la lisière de l’espace sacré et souvent dirigés par des laïcs ou des athées, ils ont toutes les qualités pour devenir des lieux de dialogue et d’échange.
MOTS-CLÉS
Musées ecclésiastiques. Fait religieux. Patrimoine québécois.
ABSTRACT
Although Quebec’s ecclesiastical museums are on the verge of disappearing, they still preserve valuable evidence of the province’s artistic and cultural heritage. Often attached to a religious congregation or diocese, these museums are largely unknown to the general public as well as to specialists. Not being able to offer access to the year because of a lack of resources associated with a lack of staff, these institutions are ultimately not accessible, if not according to very specific criteria. However, ecclesiastical museums could be the main actors in a better understanding of the religious fact in a Quebec society still marked by the “myth” of the Great Darkness. Located on the edge of sacred space and often led by lay people or atheists, they have all the qualities to become places of dialogue and exchange.
KEYWORDS
Education. Art. Action Reaserch. Teaching. Investigation.
Revista Arte ConTexto
REFLEXÃO EM ARTE
ISSN 2318-5538
V.7, Nº18, MAR., ANO 2023
ACESSO À CULTURA
Le 13 avril 2021, la ministre de la Culture et des Communications du Québec, Madame Nathalie Roy, a annoncé dans un communiqué de presse l’octroi d’une somme d’environ 1,7 million de dollars dédiée à la restauration, à la conservation et à la requalification de plus d’une vingtaine de lieux de culte patrimoniaux:
Notre gouvernement s’est donné pour mission de préserver et de mettre en valeur le patrimoine culturel qui fait la beauté du Québec. Grâce à ce soutien pour la requalification des lieux de culte patrimoniaux, nous pouvons donner une deuxième vie à de magnifiques bâtiments ancrés au cœur des localités et des communautés qui les ont vus naître. Ces biens patrimoniaux embellissent notre paysage et témoignent de l’héritage que nous ont légué nos ancêtres et dont nous sommes fiers (ROY, 2021).
À partir de ce communiqué, on constate que le ministère de la Culture et des Communications ne s’intéresse qu’aux « lieux de culte patrimoniaux ». Bien qu’il ne propose pas une définition précise de ce terme, nous pourrions comprendre qu’il s’agit d’un bien, d’un immeuble ou d’un site historique relatif à l’exercice du culte. En revanche, il ne faut pas nécessairement penser à des espaces consacrés, mais bien à des édifices en cours de requalification. Donc, ces derniers ont été désacralisés et apparaissent plutôt comme des témoignages de la présence de la religion dans la société. Même si d’autres programmes existent pour la conservation et la pérennisation de certains lieux de culte du Québec, force est de constater que peu de choses ont été mises en place pour la promotion et la sauvegarde des musées ecclésiastiques. Situés à proximité d’un couvent, d’une église ou d’un centre de pastorale, ces institutions culturelles ont été fondées par des communautés religieuses dans le but de partager leur patrimoine auprès du grand public. Dès lors, nous pouvons les considérer comme des intermédiaires entre l’espace sacré et l’espace profane. Cet entre-deux de ces institutions a un impact sur leur visibilité, d’où une incompréhension de leur(s) rôle(s) au sein de l’offre culturelle, touristique et patrimoniale de nombreuses régions du Québec. Par conséquent, les musées ecclésiastiques doivent concentrer leurs efforts sur des moments précis, à l’instar de la période estivale, et sont dans l’impossibilité de proposer un accès régulier tout au long de l’année. De ce fait, l’accessibilité de ces musées représente de véritables enjeux pour les acteurs des milieux institutionnels.
Une définition du musée ecclésiastique
Dans une communication présentée au colloque Le patrimoine religieux du Québec : de l’objet cultuel à l’objet culturel qui s’est déroulé du 12 au 14 novembre 2006 à l’église Saint-Dominique de Québec, le cardinal Mauro Piacenza, qui était alors le président de la Commission Pontificale pour les Biens culturels de l’Église, a proposé une définition du musée ecclésiastique:
La conservation du patrimoine historique et artistique est, en soi, un « bien » qui favorise l’appartenance des croyants à l’Église, dans le véritable esprit de la tradition ecclésiale. Par conséquent, le musée ecclésiastique n’est pas seulement une « machine à remonter le temps », mais bien plutôt un album de famille qui propose à tous le vécu de la communauté chrétienne dont tout un chacun fait partie. De cette façon, même ceux qui n’appartiennent pas à cette communauté de croyants peuvent en jouir dans sa véritable connotation et sa signification ecclésiale. Il s’agit, en effet, d’un « bien culturel » spécifiquement d’Église qui narre le cheminement de l’aventure chrétienne et qui illustre merveilleusement les présupposés de la foi (PIACENZA, 2005, p. 61).
Cette définition est intéressante, car elle intègre autant les fidèles que les non-croyants. Toutefois, Mauro Piacenza précise plus loin que les musées ecclésiastiques doivent participer à une « nouvelle évangélisation », répondre à « la mission de l’Église » tout en étant « un lieu et [un] instrument privilégié au service de la catéchèse et de l’évangélisation » (PIACENZA, 2005, p. 63-67). Ainsi, il semblerait qu’il faille considérer ces institutions dans une dimension principalement pastorale. Cette prise de position du cardinal n’est pas un hasard, elle s’appuie sur un ensemble de réflexions menées par l’Église catholique à partir de la fin des années 1980. En effet, c’est le pape Jean-Paul II qui fonde la première commission alors intitulée « Commission Pontificale pour la Conservation du Patrimoine Artistique et Historique de l’Église » le 28 juin 1988 (WOJTYLA, 1988). Par la suite, plusieurs textes ont réaffirmé l’orientation particulière des musées ecclésiastiques à l’instar de la Lettre circulaire sur la Fonction pastorale des musées ecclésiastiques du 15 août 2001 (PIACENZA, 2005). Toutefois, on peut se demander si cette définition est la même pour toutes les institutions appartenant à cette catégorie.
Au Québec, les musées ecclésiastiques sont généralement l’œuvre des congrégations religieuses. Du fait de leurs différents rôles dans l’éducation et la santé, elles sont souvent à l’origine des premières écoles ou universités de même que des premiers hôpitaux (TURGEON, 2022). Concernant les institutions culturelles et muséales, « pratiquement toutes les communautés religieuses possèdent aujourd’hui un musée » comme le souligne le professeur d’histoire et d’ethnologie de l’Université Laval Laurier Turgeon (TURGEON, 2022). Même si certains d’entre eux ne sont plus gérés par les ordres qui les ont fondés, à l’exemple du Musée d’art de Joliette ou du Musée des Hospitalières de l’Hôtel-Dieu de Montréal1 (Figure 1), plus d’une trentaine de musées ecclésiastiques sont encore sous la supervision d’une congrégation religieuse. En revanche, certains ne souhaitent plus être rattachés au fait religieux, principalement pour des raisons d’image, et préfèrent se présenter en tant que musée d’histoire ou musée d’art dans l’optique de toucher une typologie de publics plus variée. Ce choix n’est pas anodin, il s’agit d’une véritable politique visant à réintégrer les musées ecclésiastiques à la suite des bouleversements des années 1960. En effet, la Révolution tranquille a participé, entre autres, au retrait rapide de l’Église catholique de l’espace public comme l’explique le professeur émérite en sciences des religions de l’Université du Québec à Montréal Louis Rousseau:
Cette évacuation rapide de l’acteur principal religieux des domaines d’action appartenant constitutionnellement à l’État provincial n’a été possible que grâce au déclenchement simultané d’une véritable révolution tranquille catholique dans le cadre du deuxième concile du Vatican. Au Québec, les transactions d’opinion qui s’effectuent au cours des trois années conciliaires ainsi que dans les années suivantes jusqu’en 1970 modifient la vision du monde et de l’Église de la majorité de l’épiscopat et du clergé (ROUSSEAU, 2005, p. 141).
Étant donné que c’est à partir des années 1980 qu’une stratégie muséale orientée s’opère dans le champ religieux soit au même moment où laïcisation de la société québécoise se fait sentir (CHEVRIER, 2021), les musées ecclésiastiques apparaissent comme des témoins de la présence de l’Église catholique dans la société sans pour autant être des outils d’évangélisation. Cette réalité n’est pas propre au Québec, on la retrouve tout autant en Europe, à l’exception de l’Italie (BIENCOURT, 2009). Il semblerait que ce soit surtout dans des pays où l’Église catholique a conservé un statut officiel et privilégié que les musées ecclésiastiques peuvent adopter une dimension pastorale. Au Québec, peu sont les musées qui ont véritablement adopté une teinte « ecclésiastique ». Partant de ce constat, nous pourrions plutôt parler de musées d’origine ecclésiastique. Par conséquent, on comprend mieux pourquoi il est difficile d’identifier de telles structures. Ainsi, ces dernières deviennent de plus en plus inaccessibles et la population est alors privée d’un pan non négligeable de son histoire.
Enjeux et difficultés des musées ecclésiastiques québécois
Au-delà des problématiques liées à leur image et à leur(s) orientation(s), les musées ecclésiastiques québécois doivent faire face à des enjeux et des difficultés qui leur sont propres. Dans le cadre de cet article, nous nous concentrerons sur deux points : le manque de financement et la nécessité de former convenablement le personnel.
Dans un premier temps, on retrouve, comme dans les autres institutions muséales, un manque cruel de financement. La muséologue Gabrielle Provost remarque à ce sujet que « […] dans les années 1980, le gouvernement du Québec avait augmenté les crédits qu’il accordait au secteur culturel, au cours des années 1990, le financement provenant du gouvernement connaît un déclin de plus en plus important » (PROVOST, 2022, p. 50). Dans ce contexte, les institutions muséales doivent trouver de nouvelles sources de financement, notamment du côté des mécènes et des philanthropes. Or, la présence du fait religieux dans les musées ecclésiastiques a une incidence sur l’intérêt de ces derniers. Un récent article de la revue française Le Quotidien de l’art a montré que certaines entreprises ont mis en place des règles strictes interdisant le soutien à ce genre d’institutions :
Rompu à la restauration des monuments historiques, le mécénat d’entreprise était jusque-là assez timide sur le front du patrimoine cultuel catholique, bien que la loi [française] l’autorise depuis 1987. À titre d’exemple, la Fondation Total interdit dans sa convention qui la lie à la Fondation du Patrimoine tout soutien à un édifice cultuel (HUGOUNENQ, 2021).
Certes, cet article évoque le rapport à la religion en France, particulièrement aux églises. Toutefois, nous pouvons nous demander si le contexte québécois n’est pas similaire, voire plus sensible, du fait d’un « traumatisme de la rupture » pour reprendre les propos de l’écrivain Paul-Émile Roy (ROY, 2001, p. 31). De plus, le sous-financement chronique de nos institutions muséales, qui semble amplifié dans les musées ecclésiastiques, ne permet pas de répondre à la demande d’accès à la culture pour les différents publics et d’intervention dans leurs collectivités respectives (JOHNSON, 2004, p. 2). C’est dans ce contexte que certaines de ces institutions disparaissent comme le Centre historique des Sœurs de Sainte-Anne du Vieux-Lachine qui a fermé définitivement ses portes en octobre 2014 ou, plus récemment encore, le Musée des Sœurs de Miséricorde qui n’a pas rouvert en 2019 à cause de la conversion de la maison mère des religieuses à la suite de son rachat par un groupe d’investisseurs ayant fait faillite. Ainsi, il est nécessaire de trouver de nouvelles solutions. L’un des meilleurs exemples à ce sujet est sans aucun doute le Monastère des Augustines (Figure 2). Créée en 2015, cette institution a décidé de mettre en place une offre touristique haut de gamme associée à une stratégie mécénale et philanthropique. Pour ce faire, le fait religieux a totalement été évacué des différents espaces et la poursuite des missions du musée fondé par les religieuses a été transposé dans le centre de pastorale Catherine-de-Saint-Augustin qui n’appartient pas à la Fiducie du patrimoine culturel des Augustines. Sachant que le Monastère est une institution plurielle car elle réunit plusieurs pôles (musée et archives, boutique, hôtellerie, restauration, soins spécialisés), sa situation financière est plus qu’enviable par l’ensemble des musées ecclésiastiques du Québec (Figure 3). En revanche, est-il vraiment nécessaire de mettre le fait religieux à distance pour s’ouvrir à des mécènes issus du monde professionnel ?
Dans un second temps, une autre problématique majeure s’impose lorsque l’on pense aux musées ecclésiastiques : le personnel n’est pas toujours encadré correctement pour appréhender le fait religieux. Ce constat s’explique, en partie, par le premier point que nous avons abordé dans cette section sur les enjeux et les difficultés. En effet, l’absence de ressources financières explique l’impossibilité de ces musées à engager des professionnels issus de divers domaines tels que l’histoire de l’art, l’histoire, la muséologie, la médiation culturelle ou les sciences des religions. Au-delà de l’absence d’un soutien financier, on peut également considérer les pratiques préexistantes dans ce type d’institutions muséales. Au moment de leur création, les congrégations religieuses, qu’elles soient masculines ou féminines, avaient la responsabilité du fonctionnement de ces structures sans nécessairement2 obtenir une contrepartie financière. De ce fait, ce contexte spécifique pourrait vraisemblablement expliquer le recours récurrent à des bénévoles ou à des paroissiens selon le degré de proximité de l’institution avec le fait religieux. La muséologue Caroline Biencourt a expérimenté ce cas de figure dans le cadre de ses fonctions au sein du service diocésain de la conservation du patrimoine du diocèse français de Cambrai :
La bonne volonté des paroissiens n’est pas toujours compatible avec les principes de conservation préventive. Il est regrettable que leur souci de bien faire conduise à des erreurs par ignorance ou manque de précautions.
Ce constat pose la question de la formation de ces interlocuteurs déjà sensibilisés au patrimoine, par leur implication dans la sauvegarde des objets mobiliers ou des archives. Les simples conseils dispensés au cours d’une visite ne sont pas suffisants : des initiations à la conservation préventive pourraient être une orientation à venir (BIENCOURT, 2009).
Même si ses propos concernent la conservation du patrimoine religieux, on peut quand même relever des points intéressants quant au profil du personnel bénévole et paroissial dans les musées ecclésiastiques. Tout d’abord, Biencourt emploie le terme « interlocuteur » pour parler d’une partie de son équipe. Ce choix traduit certainement une volonté de les mettre à distance du monde professionnel sans pour autant les dénigrer. Nous pouvons tous nous accorder sur le fait que les bénévoles représentent une ressource précieuse et indispensable pour les musées ecclésiastiques. J’ai la chance de le constater dans le cadre de mes fonctions de guide-interprète au Musée des Hospitalières de l’Hôtel-Dieu de Montréal. Effectivement, la majorité des guides bénévoles qui exercent au sein de ce musée sont d’anciennes infirmières. Puisqu’une partie de la collection évoque l’histoire de la médecine à travers le rôle des Religieuses Hospitalières de Saint-Joseph à l’Hôtel-Dieu de Montréal de même qu’à l’École des infirmières de l’Hôtel-Dieu de Montréal (Figure 4), les témoignages et la présence de ces bénévoles au cœur du musée représentent un atout considérable pour l’accessibilité de ce genre de patrimoine. Soulignons notamment qu’une partie d’entre elles a étudié auprès des religieuses ou a même travaillé pour ces dernières après la fermeture de leur école au lendemain du rapport Parent. De ce fait, elles doivent être considérées au-delà du simple statut d’« interlocutrices ». Néanmoins, il faut admettre qu’elles ne peuvent pas remplir toutes les fonctions au sein d’une institution muséale, d’où la nécessité d’un noyau constitué de professionnels. Pour en revenir à la présence du fait religieux, de véritables réflexions ont été engagées par des spécialistes du monde muséal en Europe à l’exemple du Musée des civilisations de la Méditerranée (GIRARD, 2014). Au Québec, les chercheurs commencent enfin à s’intéresser à la problématique et aux enjeux liés à cette présence. À ce sujet, citons notamment l’ouvrage collectif Patrimoine religieux : problématiques, réflexions et pistes de solutions, publié en 2005 par le Musée de la Civilisation de Québec à la suite d’une étude sur la présentation du patrimoine religieux et sur les débats qui lui sont inhérents dans les institutions muséales québécoises (CHHIM et al., 2005). Toutefois, nous sommes toujours dans l’attente d’une étude consacrée exclusivement aux musées ecclésiastiques. De la même manière, des rapprochements devraient être réalisés avec les nombreuses études menées sur la présence du fait religieux dans les écoles québécoises. Ce n’est qu’à partir d’une telle concentration de forces que nous pourrons répondre dignement à l’(in)accessibilité des musées ecclésiastiques au Québec.
Étude de cas : le Centre historique des Sœurs du Bon-Conseil de Chicoutimi
Rouvert il y a quelques mois, le Centre historique des Sœurs du Bon-Conseil est un exemple intéressant de transformation et d’adaptation d’un musée ecclésiastique québécois (Figure 5). Toujours présent sur le site du couvent des Sœurs du Bon-Conseil à Chicoutimi, ce musée avait originellement pour but de mettre de l’avant des objets marquants de la communauté (SIMARD, 2022). Trois ans après son ouverture au public en 1999, sa dimension pastorale est clairement assumée : « [Le] Centre historique des Sœurs du Bon-Conseil [est] un véritable lieu de mémoire, d’animation et d’évangélisation. […] L’histoire religieuse n’aura jamais été aussi intéressante que lors d’une visite entre les murs du Centre historique des Sœurs Notre-Dame du Bon-Conseil de Chicoutimi » (JOBIN-GAGNON, 2004, p. 1). Néanmoins, l’arrivée de l’historienne de l’art Fannie Caron-Roy à la tête de l’institution a été l’occasion de renouveler le discours proposé aux visiteurs à partir d’une mise en valeur du patrimoine religieux (LABRIE, 2022). Pour ce faire, l’accent a été mis sur le travail des religieuses dans le domaine de l’éducation, la compréhension de la mission initiale des sœurs et leur rayonnement dans la province et à l’étranger (Figure 6). En ce sens, des dispositifs numériques ont été installés et le design d’exposition a été rajeuni afin de pouvoir attirer un public plus jeune et peut-être moins sensibilisé au fait religieux (Figure 7). En ce qui concerne la médiation culturelle, de nouvelles activités pédagogiques et éducatives ont été mises en place comme le rallye historique de Sœur Marguerite inauguré à l’occasion des Journées de la culture. Ayant pour objectif de favoriser l’observation et les habilités de chercheur des enfants (CENTRE HISTORIQUE DES SŒURS DU BON-CONSEIL, 2022), cette activité permet de mettre en valeur l’histoire de la congrégation à partir du personnage fictif de sœur Marguerite. Cette dernière se retrouve également dans un conte d’Élizabeth Colette Labbé qui a été produit pour le Centre historique dans l’intention de toucher un public préscolaire et primaire (CENTRE HISTORIQUE DES SŒURS DU BON-CONSEIL, 2022). Le fait d’utiliser une représentation de religieuse n’est pas anodin, car elle rappelle l’ancrage pastoral du centre sans pour autant s’y abandonner. En d’autres termes, il ne s’agit pas d’une rupture brutale avec la vocation initiale de cette institution, mais plutôt d’une volonté de dialogue et d’ouverture à l’égard du fait religieux. Bien que le Centre historique des Sœurs du Bon-Conseil soit un acteur privilégié et indispensable de l’accessibilité du fait religieux dans les musées ecclésiastiques, il doit fermer ses portes entre septembre et mai à cause d’une baisse de fréquentation. Bien évidemment, il est toujours possible d’y accéder sur réservation, mais quel type de visiteur souhaiterait réaliser de telles démarches ? N’est-ce pas priver la population locale de son propre patrimoine que de mettre en place un système de réservation sur neuf des douze mois de l’année ? Faut-il rester ouvert alors que la fréquentation est quasi nulle pour cette période de l’année ? D’autres musées ecclésiastiques sont dans le même cas de figure à l’exemple de la maison de l’exposition du Sanctuaire Sainte-Marguerite-d’Youville de Varennes. Il est vrai qu’un accès restreint est préférable à une fermeture définitive. En revanche, n’oublions pas que ces restrictions ont un impact conséquent sur le rayonnement, la visibilité et l’accessibilité de ces musées, surtout à l’échelle locale.
Comme nous l’avons vu au fur et à mesure de cette démonstration, les musées ecclésiastiques ne sont plus vraiment synonymes de pastorale ou d’évangélisation. Ce rôle a été transmis par les congrégations religieuses et les diocèses aux centres de pastorales qui disparaissent de plus en plus, mais que l’on retrouve toujours à proximité des espaces sacrés et des musées ecclésiastiques. Par conséquent, c’est à la lisière entre l’espace sacré et l’espace profane qu’il faut considérer les musées ecclésiastiques, qu’ils aient gardé leur essence primaire ou qu’ils se soient transformés avec le temps.
LES ENJEUX DE L’ACCESSIBILITÉ DES MUSÉES ECCLÉSIASTIQUES AU QUÉBEC
ARTIGO Franck Calard
Doctorant en histoire de l’art à l’Université de Montréal, Franck Calard est également diplômé en arts visuels ainsi qu’en valorisation du patrimoine et développement local. Spécialiste du vitrail des 19e et 20e siècles, ses recherches abordent plus généralement l’art québécois, les institutions muséales et la médiation culturelle. Il est aussi guide-interprète au Musée des Hospitalières de l’Hôtel-Dieu de Montréal et commissaire d’exposition indépendant.
Revista Arte ConTexto
REFLEXÃO EM ARTE
ISSN 2318-5538
V.7, Nº18, MAR., ANO 2023
ACESSO À CULTURA
RÉSUMÉ
Institutions muséales en voie de disparition, les musées ecclésiastiques québécois conservent pourtant de précieux témoignages du patrimoine artistique et culturel de la province. Souvent rattachés à une congrégation religieuse ou à un diocèse, ces musées sont pour la plupart méconnus autant du grand public que des spécialistes. Ne pouvant pas proposer un accès à l’année du fait d’un manque de moyens associé à une absence de personnel, ces institutions ne sont finalement pas accessibles si ce n’est selon des critères très spécifiques, voire trop spécifiques. Or, les musées ecclésiastiques pourraient être les principaux acteurs d’une décomplexion du fait religieux dans une société québécoise toujours marquée par le « mythe » de la Grande Noirceur. Situés à la lisière de l’espace sacré et souvent dirigés par des laïcs ou des athées, ils ont toutes les qualités pour devenir des lieux de dialogue et d’échange.
MOTS-CLÉS
Musées ecclésiastiques. Fait religieux. Patrimoine québécois.
ABSTRACT
Although Quebec’s ecclesiastical museums are on the verge of disappearing, they still preserve valuable evidence of the province’s artistic and cultural heritage. Often attached to a religious congregation or diocese, these museums are largely unknown to the general public as well as to specialists. Not being able to offer access to the year because of a lack of resources associated with a lack of staff, these institutions are ultimately not accessible, if not according to very specific criteria. However, ecclesiastical museums could be the main actors in a better understanding of the religious fact in a Quebec society still marked by the “myth” of the Great Darkness. Located on the edge of sacred space and often led by lay people or atheists, they have all the qualities to become places of dialogue and exchange.
KEYWORDS
Education. Art. Action Reaserch. Teaching. Investigation.
Le 13 avril 2021, la ministre de la Culture et des Communications du Québec, Madame Nathalie Roy, a annoncé dans un communiqué de presse l’octroi d’une somme d’environ 1,7 million de dollars dédiée à la restauration, à la conservation et à la requalification de plus d’une vingtaine de lieux de culte patrimoniaux:
Notre gouvernement s’est donné pour mission de préserver et de mettre en valeur le patrimoine culturel qui fait la beauté du Québec. Grâce à ce soutien pour la requalification des lieux de culte patrimoniaux, nous pouvons donner une deuxième vie à de magnifiques bâtiments ancrés au cœur des localités et des communautés qui les ont vus naître. Ces biens patrimoniaux embellissent notre paysage et témoignent de l’héritage que nous ont légué nos ancêtres et dont nous sommes fiers (ROY, 2021).
À partir de ce communiqué, on constate que le ministère de la Culture et des Communications ne s’intéresse qu’aux « lieux de culte patrimoniaux ». Bien qu’il ne propose pas une définition précise de ce terme, nous pourrions comprendre qu’il s’agit d’un bien, d’un immeuble ou d’un site historique relatif à l’exercice du culte. En revanche, il ne faut pas nécessairement penser à des espaces consacrés, mais bien à des édifices en cours de requalification. Donc, ces derniers ont été désacralisés et apparaissent plutôt comme des témoignages de la présence de la religion dans la société. Même si d’autres programmes existent pour la conservation et la pérennisation de certains lieux de culte du Québec, force est de constater que peu de choses ont été mises en place pour la promotion et la sauvegarde des musées ecclésiastiques. Situés à proximité d’un couvent, d’une église ou d’un centre de pastorale, ces institutions culturelles ont été fondées par des communautés religieuses dans le but de partager leur patrimoine auprès du grand public. Dès lors, nous pouvons les considérer comme des intermédiaires entre l’espace sacré et l’espace profane. Cet entre-deux de ces institutions a un impact sur leur visibilité, d’où une incompréhension de leur(s) rôle(s) au sein de l’offre culturelle, touristique et patrimoniale de nombreuses régions du Québec. Par conséquent, les musées ecclésiastiques doivent concentrer leurs efforts sur des moments précis, à l’instar de la période estivale, et sont dans l’impossibilité de proposer un accès régulier tout au long de l’année. De ce fait, l’accessibilité de ces musées représente de véritables enjeux pour les acteurs des milieux institutionnels.
Une définition du musée ecclésiastique
Dans une communication présentée au colloque Le patrimoine religieux du Québec : de l’objet cultuel à l’objet culturel qui s’est déroulé du 12 au 14 novembre 2006 à l’église Saint-Dominique de Québec, le cardinal Mauro Piacenza, qui était alors le président de la Commission Pontificale pour les Biens culturels de l’Église, a proposé une définition du musée ecclésiastique:
La conservation du patrimoine historique et artistique est, en soi, un « bien » qui favorise l’appartenance des croyants à l’Église, dans le véritable esprit de la tradition ecclésiale. Par conséquent, le musée ecclésiastique n’est pas seulement une « machine à remonter le temps », mais bien plutôt un album de famille qui propose à tous le vécu de la communauté chrétienne dont tout un chacun fait partie. De cette façon, même ceux qui n’appartiennent pas à cette communauté de croyants peuvent en jouir dans sa véritable connotation et sa signification ecclésiale. Il s’agit, en effet, d’un « bien culturel » spécifiquement d’Église qui narre le cheminement de l’aventure chrétienne et qui illustre merveilleusement les présupposés de la foi (PIACENZA, 2005, p. 61).
Cette définition est intéressante, car elle intègre autant les fidèles que les non-croyants. Toutefois, Mauro Piacenza précise plus loin que les musées ecclésiastiques doivent participer à une « nouvelle évangélisation », répondre à « la mission de l’Église » tout en étant « un lieu et [un] instrument privilégié au service de la catéchèse et de l’évangélisation » (PIACENZA, 2005, p. 63-67). Ainsi, il semblerait qu’il faille considérer ces institutions dans une dimension principalement pastorale. Cette prise de position du cardinal n’est pas un hasard, elle s’appuie sur un ensemble de réflexions menées par l’Église catholique à partir de la fin des années 1980. En effet, c’est le pape Jean-Paul II qui fonde la première commission alors intitulée « Commission Pontificale pour la Conservation du Patrimoine Artistique et Historique de l’Église » le 28 juin 1988 (WOJTYLA, 1988). Par la suite, plusieurs textes ont réaffirmé l’orientation particulière des musées ecclésiastiques à l’instar de la Lettre circulaire sur la Fonction pastorale des musées ecclésiastiques du 15 août 2001 (PIACENZA, 2005). Toutefois, on peut se demander si cette définition est la même pour toutes les institutions appartenant à cette catégorie.
Au Québec, les musées ecclésiastiques sont généralement l’œuvre des congrégations religieuses. Du fait de leurs différents rôles dans l’éducation et la santé, elles sont souvent à l’origine des premières écoles ou universités de même que des premiers hôpitaux (TURGEON, 2022). Concernant les institutions culturelles et muséales, « pratiquement toutes les communautés religieuses possèdent aujourd’hui un musée » comme le souligne le professeur d’histoire et d’ethnologie de l’Université Laval Laurier Turgeon (TURGEON, 2022). Même si certains d’entre eux ne sont plus gérés par les ordres qui les ont fondés, à l’exemple du Musée d’art de Joliette ou du Musée des Hospitalières de l’Hôtel-Dieu de Montréal1 (Figure 1), plus d’une trentaine de musées ecclésiastiques sont encore sous la supervision d’une congrégation religieuse. En revanche, certains ne souhaitent plus être rattachés au fait religieux, principalement pour des raisons d’image, et préfèrent se présenter en tant que musée d’histoire ou musée d’art dans l’optique de toucher une typologie de publics plus variée. Ce choix n’est pas anodin, il s’agit d’une véritable politique visant à réintégrer les musées ecclésiastiques à la suite des bouleversements des années 1960. En effet, la Révolution tranquille a participé, entre autres, au retrait rapide de l’Église catholique de l’espace public comme l’explique le professeur émérite en sciences des religions de l’Université du Québec à Montréal Louis Rousseau:
Cette évacuation rapide de l’acteur principal religieux des domaines d’action appartenant constitutionnellement à l’État provincial n’a été possible que grâce au déclenchement simultané d’une véritable révolution tranquille catholique dans le cadre du deuxième concile du Vatican. Au Québec, les transactions d’opinion qui s’effectuent au cours des trois années conciliaires ainsi que dans les années suivantes jusqu’en 1970 modifient la vision du monde et de l’Église de la majorité de l’épiscopat et du clergé (ROUSSEAU, 2005, p. 141).
Étant donné que c’est à partir des années 1980 qu’une stratégie muséale orientée s’opère dans le champ religieux soit au même moment où laïcisation de la société québécoise se fait sentir (CHEVRIER, 2021), les musées ecclésiastiques apparaissent comme des témoins de la présence de l’Église catholique dans la société sans pour autant être des outils d’évangélisation. Cette réalité n’est pas propre au Québec, on la retrouve tout autant en Europe, à l’exception de l’Italie (BIENCOURT, 2009). Il semblerait que ce soit surtout dans des pays où l’Église catholique a conservé un statut officiel et privilégié que les musées ecclésiastiques peuvent adopter une dimension pastorale. Au Québec, peu sont les musées qui ont véritablement adopté une teinte « ecclésiastique ». Partant de ce constat, nous pourrions plutôt parler de musées d’origine ecclésiastique. Par conséquent, on comprend mieux pourquoi il est difficile d’identifier de telles structures. Ainsi, ces dernières deviennent de plus en plus inaccessibles et la population est alors privée d’un pan non négligeable de son histoire.
Enjeux et difficultés des musées ecclésiastiques québécois
Au-delà des problématiques liées à leur image et à leur(s) orientation(s), les musées ecclésiastiques québécois doivent faire face à des enjeux et des difficultés qui leur sont propres. Dans le cadre de cet article, nous nous concentrerons sur deux points : le manque de financement et la nécessité de former convenablement le personnel.
Dans un premier temps, on retrouve, comme dans les autres institutions muséales, un manque cruel de financement. La muséologue Gabrielle Provost remarque à ce sujet que « […] dans les années 1980, le gouvernement du Québec avait augmenté les crédits qu’il accordait au secteur culturel, au cours des années 1990, le financement provenant du gouvernement connaît un déclin de plus en plus important » (PROVOST, 2022, p. 50). Dans ce contexte, les institutions muséales doivent trouver de nouvelles sources de financement, notamment du côté des mécènes et des philanthropes. Or, la présence du fait religieux dans les musées ecclésiastiques a une incidence sur l’intérêt de ces derniers. Un récent article de la revue française Le Quotidien de l’art a montré que certaines entreprises ont mis en place des règles strictes interdisant le soutien à ce genre d’institutions :
Rompu à la restauration des monuments historiques, le mécénat d’entreprise était jusque-là assez timide sur le front du patrimoine cultuel catholique, bien que la loi [française] l’autorise depuis 1987. À titre d’exemple, la Fondation Total interdit dans sa convention qui la lie à la Fondation du Patrimoine tout soutien à un édifice cultuel (HUGOUNENQ, 2021).
Certes, cet article évoque le rapport à la religion en France, particulièrement aux églises. Toutefois, nous pouvons nous demander si le contexte québécois n’est pas similaire, voire plus sensible, du fait d’un « traumatisme de la rupture » pour reprendre les propos de l’écrivain Paul-Émile Roy (ROY, 2001, p. 31). De plus, le sous-financement chronique de nos institutions muséales, qui semble amplifié dans les musées ecclésiastiques, ne permet pas de répondre à la demande d’accès à la culture pour les différents publics et d’intervention dans leurs collectivités respectives (JOHNSON, 2004, p. 2). C’est dans ce contexte que certaines de ces institutions disparaissent comme le Centre historique des Sœurs de Sainte-Anne du Vieux-Lachine qui a fermé définitivement ses portes en octobre 2014 ou, plus récemment encore, le Musée des Sœurs de Miséricorde qui n’a pas rouvert en 2019 à cause de la conversion de la maison mère des religieuses à la suite de son rachat par un groupe d’investisseurs ayant fait faillite. Ainsi, il est nécessaire de trouver de nouvelles solutions. L’un des meilleurs exemples à ce sujet est sans aucun doute le Monastère des Augustines (Figure 2). Créée en 2015, cette institution a décidé de mettre en place une offre touristique haut de gamme associée à une stratégie mécénale et philanthropique. Pour ce faire, le fait religieux a totalement été évacué des différents espaces et la poursuite des missions du musée fondé par les religieuses a été transposé dans le centre de pastorale Catherine-de-Saint-Augustin qui n’appartient pas à la Fiducie du patrimoine culturel des Augustines. Sachant que le Monastère est une institution plurielle car elle réunit plusieurs pôles (musée et archives, boutique, hôtellerie, restauration, soins spécialisés), sa situation financière est plus qu’enviable par l’ensemble des musées ecclésiastiques du Québec (Figure 3). En revanche, est-il vraiment nécessaire de mettre le fait religieux à distance pour s’ouvrir à des mécènes issus du monde professionnel ?
Dans un second temps, une autre problématique majeure s’impose lorsque l’on pense aux musées ecclésiastiques : le personnel n’est pas toujours encadré correctement pour appréhender le fait religieux. Ce constat s’explique, en partie, par le premier point que nous avons abordé dans cette section sur les enjeux et les difficultés. En effet, l’absence de ressources financières explique l’impossibilité de ces musées à engager des professionnels issus de divers domaines tels que l’histoire de l’art, l’histoire, la muséologie, la médiation culturelle ou les sciences des religions. Au-delà de l’absence d’un soutien financier, on peut également considérer les pratiques préexistantes dans ce type d’institutions muséales. Au moment de leur création, les congrégations religieuses, qu’elles soient masculines ou féminines, avaient la responsabilité du fonctionnement de ces structures sans nécessairement2 obtenir une contrepartie financière. De ce fait, ce contexte spécifique pourrait vraisemblablement expliquer le recours récurrent à des bénévoles ou à des paroissiens selon le degré de proximité de l’institution avec le fait religieux. La muséologue Caroline Biencourt a expérimenté ce cas de figure dans le cadre de ses fonctions au sein du service diocésain de la conservation du patrimoine du diocèse français de Cambrai :
La bonne volonté des paroissiens n’est pas toujours compatible avec les principes de conservation préventive. Il est regrettable que leur souci de bien faire conduise à des erreurs par ignorance ou manque de précautions.
Ce constat pose la question de la formation de ces interlocuteurs déjà sensibilisés au patrimoine, par leur implication dans la sauvegarde des objets mobiliers ou des archives. Les simples conseils dispensés au cours d’une visite ne sont pas suffisants : des initiations à la conservation préventive pourraient être une orientation à venir (BIENCOURT, 2009).
Même si ses propos concernent la conservation du patrimoine religieux, on peut quand même relever des points intéressants quant au profil du personnel bénévole et paroissial dans les musées ecclésiastiques. Tout d’abord, Biencourt emploie le terme « interlocuteur » pour parler d’une partie de son équipe. Ce choix traduit certainement une volonté de les mettre à distance du monde professionnel sans pour autant les dénigrer. Nous pouvons tous nous accorder sur le fait que les bénévoles représentent une ressource précieuse et indispensable pour les musées ecclésiastiques. J’ai la chance de le constater dans le cadre de mes fonctions de guide-interprète au Musée des Hospitalières de l’Hôtel-Dieu de Montréal. Effectivement, la majorité des guides bénévoles qui exercent au sein de ce musée sont d’anciennes infirmières. Puisqu’une partie de la collection évoque l’histoire de la médecine à travers le rôle des Religieuses Hospitalières de Saint-Joseph à l’Hôtel-Dieu de Montréal de même qu’à l’École des infirmières de l’Hôtel-Dieu de Montréal (Figure 4), les témoignages et la présence de ces bénévoles au cœur du musée représentent un atout considérable pour l’accessibilité de ce genre de patrimoine. Soulignons notamment qu’une partie d’entre elles a étudié auprès des religieuses ou a même travaillé pour ces dernières après la fermeture de leur école au lendemain du rapport Parent. De ce fait, elles doivent être considérées au-delà du simple statut d’« interlocutrices ». Néanmoins, il faut admettre qu’elles ne peuvent pas remplir toutes les fonctions au sein d’une institution muséale, d’où la nécessité d’un noyau constitué de professionnels. Pour en revenir à la présence du fait religieux, de véritables réflexions ont été engagées par des spécialistes du monde muséal en Europe à l’exemple du Musée des civilisations de la Méditerranée (GIRARD, 2014). Au Québec, les chercheurs commencent enfin à s’intéresser à la problématique et aux enjeux liés à cette présence. À ce sujet, citons notamment l’ouvrage collectif Patrimoine religieux : problématiques, réflexions et pistes de solutions, publié en 2005 par le Musée de la Civilisation de Québec à la suite d’une étude sur la présentation du patrimoine religieux et sur les débats qui lui sont inhérents dans les institutions muséales québécoises (CHHIM et al., 2005). Toutefois, nous sommes toujours dans l’attente d’une étude consacrée exclusivement aux musées ecclésiastiques. De la même manière, des rapprochements devraient être réalisés avec les nombreuses études menées sur la présence du fait religieux dans les écoles québécoises. Ce n’est qu’à partir d’une telle concentration de forces que nous pourrons répondre dignement à l’(in)accessibilité des musées ecclésiastiques au Québec.
Étude de cas : le Centre historique des Sœurs du Bon-Conseil de Chicoutimi
Rouvert il y a quelques mois, le Centre historique des Sœurs du Bon-Conseil est un exemple intéressant de transformation et d’adaptation d’un musée ecclésiastique québécois (Figure 5). Toujours présent sur le site du couvent des Sœurs du Bon-Conseil à Chicoutimi, ce musée avait originellement pour but de mettre de l’avant des objets marquants de la communauté (SIMARD, 2022). Trois ans après son ouverture au public en 1999, sa dimension pastorale est clairement assumée : « [Le] Centre historique des Sœurs du Bon-Conseil [est] un véritable lieu de mémoire, d’animation et d’évangélisation. […] L’histoire religieuse n’aura jamais été aussi intéressante que lors d’une visite entre les murs du Centre historique des Sœurs Notre-Dame du Bon-Conseil de Chicoutimi » (JOBIN-GAGNON, 2004, p. 1). Néanmoins, l’arrivée de l’historienne de l’art Fannie Caron-Roy à la tête de l’institution a été l’occasion de renouveler le discours proposé aux visiteurs à partir d’une mise en valeur du patrimoine religieux (LABRIE, 2022). Pour ce faire, l’accent a été mis sur le travail des religieuses dans le domaine de l’éducation, la compréhension de la mission initiale des sœurs et leur rayonnement dans la province et à l’étranger (Figure 6). En ce sens, des dispositifs numériques ont été installés et le design d’exposition a été rajeuni afin de pouvoir attirer un public plus jeune et peut-être moins sensibilisé au fait religieux (Figure 7). En ce qui concerne la médiation culturelle, de nouvelles activités pédagogiques et éducatives ont été mises en place comme le rallye historique de Sœur Marguerite inauguré à l’occasion des Journées de la culture. Ayant pour objectif de favoriser l’observation et les habilités de chercheur des enfants (CENTRE HISTORIQUE DES SŒURS DU BON-CONSEIL, 2022), cette activité permet de mettre en valeur l’histoire de la congrégation à partir du personnage fictif de sœur Marguerite. Cette dernière se retrouve également dans un conte d’Élizabeth Colette Labbé qui a été produit pour le Centre historique dans l’intention de toucher un public préscolaire et primaire (CENTRE HISTORIQUE DES SŒURS DU BON-CONSEIL, 2022). Le fait d’utiliser une représentation de religieuse n’est pas anodin, car elle rappelle l’ancrage pastoral du centre sans pour autant s’y abandonner. En d’autres termes, il ne s’agit pas d’une rupture brutale avec la vocation initiale de cette institution, mais plutôt d’une volonté de dialogue et d’ouverture à l’égard du fait religieux. Bien que le Centre historique des Sœurs du Bon-Conseil soit un acteur privilégié et indispensable de l’accessibilité du fait religieux dans les musées ecclésiastiques, il doit fermer ses portes entre septembre et mai à cause d’une baisse de fréquentation. Bien évidemment, il est toujours possible d’y accéder sur réservation, mais quel type de visiteur souhaiterait réaliser de telles démarches ? N’est-ce pas priver la population locale de son propre patrimoine que de mettre en place un système de réservation sur neuf des douze mois de l’année ? Faut-il rester ouvert alors que la fréquentation est quasi nulle pour cette période de l’année ? D’autres musées ecclésiastiques sont dans le même cas de figure à l’exemple de la maison de l’exposition du Sanctuaire Sainte-Marguerite-d’Youville de Varennes. Il est vrai qu’un accès restreint est préférable à une fermeture définitive. En revanche, n’oublions pas que ces restrictions ont un impact conséquent sur le rayonnement, la visibilité et l’accessibilité de ces musées, surtout à l’échelle locale.
Comme nous l’avons vu au fur et à mesure de cette démonstration, les musées ecclésiastiques ne sont plus vraiment synonymes de pastorale ou d’évangélisation. Ce rôle a été transmis par les congrégations religieuses et les diocèses aux centres de pastorales qui disparaissent de plus en plus, mais que l’on retrouve toujours à proximité des espaces sacrés et des musées ecclésiastiques. Par conséquent, c’est à la lisière entre l’espace sacré et l’espace profane qu’il faut considérer les musées ecclésiastiques, qu’ils aient gardé leur essence primaire ou qu’ils se soient transformés avec le temps.
Notas de Rodapé
1- Le musée d’art de Joliette a été fondé par les Clercs de Saint-Viateur en 1943 tandis que le Musée des Hospitalières de l’Hôtel-Dieu de Montréal a été fondé par les Religieuses Hospitalières de Saint-Joseph en 1992. Des représentants de ces ordres religieux siègent encore de nos jours aux conseils d’administration de chacun des musées.
2- Les revenus des religieux et des religieuses ne sont pas les mêmes d’une communauté à l’autre. Certaines congrégations apostoliques octroient une allocation alors que d’autres, à l’instar des contemplatifs et des contemplatives, se réunissent dans une propriété commune et ne peuvent donc pas réaliser des transactions individuelles.
Notas de Rodapé
1- Le musée d’art de Joliette a été fondé par les Clercs de Saint-Viateur en 1943 tandis que le Musée des Hospitalières de l’Hôtel-Dieu de Montréal a été fondé par les Religieuses Hospitalières de Saint-Joseph en 1992. Des représentants de ces ordres religieux siègent encore de nos jours aux conseils d’administration de chacun des musées.
2- Les revenus des religieux et des religieuses ne sont pas les mêmes d’une communauté à l’autre. Certaines congrégations apostoliques octroient une allocation alors que d’autres, à l’instar des contemplatifs et des contemplatives, se réunissent dans une propriété commune et ne peuvent donc pas réaliser des transactions individuelles.
Referências Bibliográficas
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Lista de Imagens
Capa Crypte de la chapelle des Religieuses Hospitalières de Saint-Joseph. Crédits : Musée des Hospitalières de l’Hôtel-Dieu de Montréal, Franck Calard.
1 Façade principale du Musée des Hospitalières de l’Hôtel-Dieu de Montréal. Crédits : Musée des Hospitalières de l’Hôtel-Dieu de Montréal, Franck Calard.
2 Entrée principale du Monastère des Augustines de Québec. Crédits : Monastère des Augustines, Franck Calard.
3 La cour carrée du Monastère des Augustines de Québec. Crédits : Monastère des Augustines, Franck Calard.
4 Ensemble conventuel des Religieuses Hospitalières de Saint-Joseph. Crédits : Archives des Religieuses Hospitalières de Saint-Joseph et Aircam, Franck Calard.
5 Ensemble conventuel des Sœurs de Notre-Dame du Bon-Conseil. Crédits : Centre historique des Sœurs du Bon-Conseil, Franck Calard.
6 Aperçu de la salle consacrée à l’éducation du Centre historique des Sœurs du Bon-Conseil. Crédits : Franck Calard.
7 Aperçu de la salle d’introduction du Centre historique des Sœurs du Bon-Conseil. Crédits : Franck Calard.
Lista de Imagens
Capa Crypte de la chapelle des Religieuses Hospitalières de Saint-Joseph. Crédits : Musée des Hospitalières de l’Hôtel-Dieu de Montréal, Franck Calard.
1 Façade principale du Musée des Hospitalières de l’Hôtel-Dieu de Montréal. Crédits : Musée des Hospitalières de l’Hôtel-Dieu de Montréal, Franck Calard.
2 Entrée principale du Monastère des Augustines de Québec. Crédits : Monastère des Augustines, Franck Calard.
3 La cour carrée du Monastère des Augustines de Québec. Crédits : Monastère des Augustines, Franck Calard.
4 Ensemble conventuel des Religieuses Hospitalières de Saint-Joseph. Crédits : Archives des Religieuses Hospitalières de Saint-Joseph et Aircam, Franck Calard.
5 Ensemble conventuel des Sœurs de Notre-Dame du Bon-Conseil. Crédits : Centre historique des Sœurs du Bon-Conseil, Franck Calard.
6 Aperçu de la salle consacrée à l’éducation du Centre historique des Sœurs du Bon-Conseil. Crédits : Franck Calard.
7 Aperçu de la salle d’introduction du Centre historique des Sœurs du Bon-Conseil. Crédits : Franck Calard.